Trois questions à Jean-Marie Pelt

 

"Le jardin est traditionnellement le domaine des femmes".

Grand botaniste, fondateur de l’Institut européen d’écologie Jean-Marie Pelt vient de publier Apprenez aux jeunes à regarder les étoiles, aux Presses d’île-de-France. Il y parle aussi de la nature.

1. Pourquoi les jardiniers les plus connus sont-ils surtout des hommes ?

"Beaucoup d’hommes jardinent. Mon propre grand-père était jardinier professionnel chez un grand maître de forges. Et le grands du jardinage, c’est vrai, sont effectivement des hommes. A l’origine pourtant, il y a quelques milliers d’années, les jardins ont traditionnellement été le domaine des femmes. C’étaient elles qui jardinaient et actuellement, dans les sociétés traditionnelles, partout ce sont toujours les femmes.

2. Les qualités du bon jardinier sont-elles plus féminines ?

La nature, ne l’oublions pas, est toujours dite au féminin. Peut-être les grands jardiniers que nous évoquions ont-ils des qualités féminines, une sorte de douceur dans le rapport à la nature. Je l’ai souvent constaté parmi mes collègues botanistes : nos relations professionnelles sont dénuées d’agressivité et d’égotisme. Les jardiniers sont des gens plutôt doux. Et puis le jardin, c’est beau, c’est bio.
il y a une dimension éthique que je constate partout chez les gens qui jardinent.

3.Dans notre monde de tumulte, le jardinage est-il une façon de se ressourcer et, sans jeu de mot, de prendre du champ ?

Oui, parce qu’on retrouve la dimension première qui est le temps long. Les radis, quand vous les semez, vous ne les mangez pas le soir. On est dans un autre type de temps. La fébrilité un peu démente dans laquelle nous vivons, ce temps où tout le monde s’agite, sont compensés par le temps qu’on passe au jardin. Et chacun de nous sent en lui ce décalage de mode de vue."

Propos recueillis par Yves Durand, extrait du journal Le Maine libre.